Ahhh… l’allaitement. Naturel, certes, mais pas évident. En tout cas, c’est mon avis personnel, et l’avis de nombreuses autres mamans, je le sais pour m’être beaucoup renseignée sur le sujet. Alors oui, nous, les femmes humaines (et beaucoup d’autres espèces) allaitons nos progénitures depuis la nuit des temps… je vous l’accorde. Mais, franchement, une fois que l’on se retrouve dedans, ce n’est pas pour autant un jeu d’enfant. Quand j’étais enceinte, j’aimais beaucoup lire des expériences, écouter des podcasts, et m’informer en général sur l’allaitement. J’ai appris beaucoup de choses, mais j’ai aussi pris un peu peur, et au bout d’un moment j’ai juste boycotté toutes les sources d’informations en me disant « Bon je verrai bien sur le moment ». Parce que – et si vous vous « reconnaissez » dans cette catégorie, ne le prenez pas (trop) mal – je trouve qu’Internet et les informations sur l’allaitement en général sont remplis de « stressé(e)s de la vie », divulguant des conseils stressants, d’idées toutes noires ou toutes blanches, de concepts bien arrêtés. « Ne donne jamais un biberon, cela va sevrer ton bébé », « ne donne jamais une tétine, cela va créer une confusion sein/tétine« , etc. etc. La vérité, c’est que chaque bébé, chaque maman sont uniques. Et que le couple maman/enfant ensemble multiplie encore ces conditions d’unicité. On ne peut pas se comparer. Ce qui marche pour nous peut ne pas fonctionner du tout pour d’autres, et vice versa. C’est pour toutes ces raisons que je voulais écrire cet article, et vous parler de ma situation d’allaitement mixte très ouverte, très perso, qui n’a pas respecté les conseils des guides, mais qui a pourtant marché pour moi. Et aussi, pour vous rappeler que rien n’est jamais définitif et que tout peut être corrigé.
Avant toute chose, allaiter ou pas ne fait pas de vous une bonne ou mauvaise mère
Allaiter, c’est l’idéal, c’est sûr et c’est scientifiquement prouvé. Le lait maternel est bourré de bonnes choses pour votre bébé, qui l’aident à se développer correctement et à booster son système immunitaire. La proximité entre vous et lui pendant les tétées sécrète des hormones qui vous sont toutes deux bénéfiques. Mais pour autant, allaiter n’est pas la SEULE façon de sécréter ces hormones, qui apparaissent aussi dans le cas de câlins, de moments doux et de jeu avec bébé.
Allaiter ou pas ne fait pas de vous une mauvaise mère. Et la durée de votre allaitement n’est pas une mesure de votre capacité à être mère. Si pour quelque raison que ce soit, vous ne pouvez pas ou ne souhaitez pas allaiter, c’est votre droit. Et il vaut mieux donner un biberon de lait infantile a son enfant et être bien, sereine, heureuse, et partager des moments doux avec son bébé… que de l’allaiter en se forçant, en étant stressée, endolorie, épuisée, etc. Idem pour votre bébé qui aime autant une maman heureuse et sereine, et partager des moments heureux et doux lors de ses repas. Alors, avant toute chose, on se déculpabilise ! Tout ce qui suit donc dans cet article est destiné à – je l’espère – inspirer et rassurer les mamans qui souhaitent donner leur lait a leur bébé. Mais si vous ne le souhaitez pas, ce n’est pas grave <3.
Mon allaitement mixte : le tout début à la maternité
J’ai accouché le 7 décembre 2020, par césarienne programmée. Si vous souhaitez en savoir plus (sur comment cela s’est passé, ou encore pourquoi une césarienne, etc.), je vous invite à lire mon récit d’accouchement. J’avais, dans mon plan de naissance pour la maternité, demandé à ce que si tout allait bien a la naissance, que l’on me donne la possibilité d’essayer de mettre bébé au sein dès sa sortie, pendant la procédure. En effet, après la césarienne, je savais qu’en raison du Covid je serais séparée de mon bébé et de mon homme pendant 2h. Je ne voulais donc surtout pas louper les premiers moments d’éveil pour un contact en peau à peau, une bonne dose d’ocytocine entre mon bébé et moi, et idéalement, une première mise au sein pour bien démarrer mon allaitement.
Voilà un des résultats de mes recherches lors de ma grossesse. J’avais lu que pour mettre en route l’allaitement, un contact en peau à peau de suite était obligatoire, sinon c’était « foutu » (en gros). Comme si on avait raté de mettre le pied à l’étrier. La réalité, c’est que ce n’est pas tout noir ou tout blanc. Cela peut être entre les deux. Je n’ai eu mon bébé qu’à peine quelques minutes pendant la césarienne (peut être 3 min) pour des raisons que vous pouvez relire dans mon récit d’accouchement. Puis, nous avons été séparées 3h.
Pourtant, elle a réussi a prendre le sein des nos retrouvailles sans problème. Elle l’avait aussi pris un tout petit peu pendant la césarienne, mais à peine quelques secondes. Ceci n’a pas compromis le démarrage de l’allaitement. Première idée préconçue démentie. Et quand on creuse un peu, on se rend compte que les histoires de mamans séparées de leurs bébés a la naissance pour X ou Y raisons (besoin de soin du bébé en néonatalogie par exemple) et pour qui l’allaitement s’est très bien passé fusent. Alors, NO STRESS ! Voilà ce que j’aurais aimé qu’on me dise avant d’accoucher.
Un autre truc que l’on m’avait dit, c’est « si tu as une césarienne, tu risques de ne pas avoir de lait« . Encore une fois, faux. Alors oui, la césarienne peut retarder un peu la montée de lait. Quoi que, ici encore, mon lait est arrivé au bout du 4e jour postnatal. Ce qui est seulement un jour de plus VS une naissance par voie basse.
Mais effectivement, on n’a pas beaucoup de lait au début, je vous le confirme. Mais ça, encore une fois, c’est tout le monde. Que ce soient les mamans césarisées ou celles qui accouchent par voie basse. Et au début, les bébés ont tendance à être TOUT LE TEMPS au sein. Même s’il n’y a pas grand-chose qui en sort. En fait, m’a-t-on expliqué, c’est un réflexe naturel du bébé pour mettre en route l’allaitement : il « passe sa commande de lait« . Les premiers jours après la naissance, nous n’avons « que » du colostrum (je le mets entre guillemets, car ce lait est même surnomme le « liquide d’or » tant il est RICHE pour notre bébé). Le colostrum, c’est un lait ultra concentré, ultra épais, un peu jaunâtre et il y en a très peu, à peine quelques gouttes… Rassurez-vous, c’est suffisant pour bébé qui a un estomac de la taille d’un petit pois à la naissance. Mais que fait bébé donc, à téter comme ça des heures d’affilée, s’il n’y a que quelques gouttes de colostrum? Il passe sa commande. Il envoie un message à votre cerveau « voilà, maman, la quantité de lait que tu dois produire pour me nourrir ».
Alors moi pendant cette commande de lait, je dois vous l’avouer, j’étais épuisée. Bébé tétait, puis pleurait, car pas de lait, puis retétait, puis pleurait. Entre-temps, il fallait changer un million de couches, etc., et j’avais toute la fatigue de la naissance et des nuits blanches dans les pattes… dur dur. En plus, je commençais à développer de sérieuses crevasses sur les tétons. Ahhh… les fameuses dont j’avais tant entendu parler. Je vous le confirme, elles pointent vite le bout de leur nez. Mais c’est NORMAL, surtout pour un premier bébé, on ne sait pas quelle position est la bonne, on apprend… et hop, ça fait vite mal.
Du coup très rapidement je ne pouvais plus laisser ma petite au sein. Et ici aussi, si j’avais suivi ce que j’avais lu, ce n’était pas bon. « Ne surtout pas arrêter de mettre bébé au sein sinon l’allaitement ne va pas bien se lancer », blablabla. Pourtant, sur les conseils du personnel de la maternité, j’ai bel et bien arrêté. Ou presque. On m’a proposé de lui donner un peu de lait infantile « à la cup« , c’est-à-dire dans un tout petit verre, afin qu’elle s’apaise et dorme un peu (et que du coup, moi aussi je puisse me reposer). Waouh, magique ! Effectivement, ma petite merveille repue a bien dodo du coup. Et du coup, on a continué cela pendant quelques jours, peut être 4 ou 5 jours, à lui donner des toutes petites doses de lait infantile, et moi, en parallèle, a la mettre au sein tant que possible. Mais pas beaucoup, par contre… car j’avais bien mal. Peut-être que je la mettais au total 30 min par jour, par petites tétées. Le principal était qu’elle mange bien après tout, pas la survie de mon allaitement. ET POURTANT… j’ai bien eu ma montée de lait, 4 jours plus tard :).
Le retour à la maison et la poursuite de mon allaitement mixte
Donc on a continué cette formule cup / très peu au sein pour que je cicatrise pendant quelques jours. Au bout de 6 jours, la pédiatre est venue à la maison pour faire un état des lieux de nos premiers jours tous les 3. Tout allait super bien. Élise prenait bien du poids et on étais tous heureux et apaisés. On lui a expliqué cette manière de fonctionner en lui expliquant que j’aimerais bien allaiter, mais qu’il fallait que je cicatrise. En lui demandant aussi si c’était toujours possible.
Je la remercie de sa gentillesse et de son ouverture d’esprit, car ma pédiatre est top. Elle m’a dit que « BIEN SÛR », c’est toujours possible, et de continuer comme on faisait et d‘allaiter autant que possible, mais sans que cela me fasse mal. J’avais déjà acheté un tire-lait avant la naissance, je pourrais tirer le lait qu’elle ne boirait pas au sein. Et elle m’a complètement déculpabilisée sur le fait de complémenter avec du lait infantile, et m’a dit est que l’essentiel est de se sentir bien. Et que déjà, si elle buvait un peu de mon lait, c‘était top et mieux que pas du tout.
Un autre conseil qu’elle nous a donné, c’était de passer… au biberon. Oh la la, j’ai eu peur quand même, même si je lui faisais confiance. J’avais TELLEMENT entendu et lu de choses décourageantes sur le biberon. « Ne donne JAMAIS un biberon, cela va induire la fin de ton allaitement« . Pourtant, elle, me soutenait le contraire. Elle m‘explique qu’un bébé, une fois les premiers jours passés et qui prend bien le sein (ce qui était mon cas), saurait probablement faire la différence entre un biberon et le sein et saurait maitriser les deux techniques. Elle m’a juste conseillé d’essayer de faire sein d’abord, même 1min par sein, puis biberon ensuite. Ainsi, j’aurais la possibilité de tirer mon lait et de lui donner au biberon. Et papa aussi. Et donc, de débuter mon allaitement mixte.
Allez, go, on était partis.
La prise de rythme
Alors effectivement, non sans appréhension, nous avons commencé à donner des petits biberons à Élise. Donc, d’abord le sein, puis le biberon. Je tirais tout mon lait et lui donnais ainsi (ou papa, qui a adoré avoir un rôle dans son allaitement du coup, et moi aussi!). De jour en jour j’étais en mesure de donner de plus en plus le sein, car je cicatrisais tout doucement. Merci la crème à la lanoline, à mettre avant et après chaque tétée.
Je vous avoue qu’au début je n’avais effectivement pas les quantités nécessaires pour Élise, donc je complétais avec du lait infantile. Mais, et alors? Elle avait peut être 50% mon lait, 50% lait infantile. Mieux que rien. Et puis, beaucoup de bébés sont même allaités qu’au lait infantile et s’en portent très bien. Ce que j’ai fait ? Je stimulais au maximum, c’est-à-dire : je mettais Élise au sein autant que possible, et je tirais mon lait au maximum après chaque tétée pour stimuler au max ma lactation. Environ 8 fois par jour (toutes les 3h en journée puis toutes les 4h la nuit). Rapidement, j’ai eu plus de lait (peut-être au bout de 2 semaines, c’était du boulot, mais cela en valait le coup).
Et preuve que tout est toujours rattrapable : par souci de « rapidité » parfois, j’ai eu tendance a ne plus lui donner le sein du tout. Car c’était plus rapide, la nuit notamment, de donner juste un biberon (vu que je devais aussi tirer, les sessions devenaient super longues…). Et passé quelques jours, puis semaines, à faire cela… je vous avoue que j’ai eu une petite confusion. Élise s’habituait de plus en plus au biberon, et prenait de plus en plus difficilement le sein. Elle s’énervait sur le sein, et pleurait…
Alors j’ai vite compris qu’il fallait que j’arrête d’être flemmarde et de bien la mettre au sein au maximum. J’ai aussi consulté une conseillère en lactation à l’hôpital de Malmö, pour vérifier la position de mon bébé et pour lui poser quelques questions. Elle m’a confirmé (merci encore a une personne OUVERTE, merci la Suède) que tout était possible, et qu’il n’y avait pas de « règles ». Et que tout était toujours rattrapable.
J’ai donc repris confiance en moi, j‘ai soufflé un bon coup avant chaque tétée, j’ai parlé tout doucement et gentiment à ma petite Élise et je l’ai remise au sein avant chaque biberon. Et bien, je peux vous dire, elle a très bien compris et s’est remise à téter comme si on n’avait jamais arrêté !
Là où j’en suis maintenant
Mon allaitement mixte se passe hyper bien. Maintenant, le matin notamment, après une bonne (pas toujours, haha) nuit de sommeil, j’ai plein de lait et Élise, la nuit et le matin, tête exclusivement. J’adore ! Puis, après chaque tétée, je tire le reste de mon lait, comme ça je « stocke » des biberons pour le reste de la journée. Quand, lors d’une tétée, elle n’a pas eu assez au sein (souvent le cas passé les 2 premières tétées de la journée), je complète avec des biberons de mon lait (ou papa).
Nous n’avons quasiment plus besoin de compléter avec du lait infantile. Peut-être une fois de temps en temps quand je décide de boire un petit verre ou deux, et que du coup je tire mon lait et le jette. #mamancool il faut vivre !
Du coup, je remplace ce lait par du lait en poudre. Ou si certains jours elle est plus affamée que d’autres, il m’arrive de lui faire un biberon de lait infantile en fin de journée quand moi, mes stocks sont à sec, mais sinon, je dirais qu’elle boit plus de 90% de mon lait.
C’est une situation qui certes, prend du temps, mais qui me convient très bien en congés maternité. De plus, sachez que même si vous travaillez, la loi vous autorise des pauses pour tirer votre lait au travail. Renseignez-vous. Puis au bout d’un moment on devient une pro du tire-allaitement croyez-moi ! Il existe des brassières spéciales pour avoir les mains libres, et tout et tout ! En 15 mn c’est plié ! #superwomen
Ce que je voudrais pour la suite
J’aimerais tenir cette situation pour 6 mois. Puis après, on verra. Après, c’est vrai que c’est quand même contraignant, car l’allaitement mixte, quand on tire son lait, c’est un peu du double travail : au sein, puis on tire, puis au biberon. Au lieu de donner le sein et puis c’est tout.
Mais pour nous, et pour Élise, cela fonctionne bien. Elle mange toujours à sa faim, elle dort bien, et c’est un bébé heureux et comblé (et moi pareil!).
Voilà, j’espère que cet article vous aura aidé et vous aura rassure quant a l’allaitement mixte. Le mot de la fin? Écoutez-vous et ne vous stressez pas trop. Chaque personne est différente, chaque couple maman-enfant aussi. Trouvez VOTRE manière de nourrir votre bébé, et ne vous dites jamais que les choses sont irréversibles. Vous pouvez tester des choses, prendre un rythme, en changer, et prendre le temps de vous accorder avec votre tout petit. Bonne chance ! Et je vous souhaite plein de beaux moments lactés (que ce soit votre lait, ou celui de la boite) !
Merci beaucoup pour ce bel article. Il permet de se décomplexer sur l’allaitement et avec pour seul(s) mot(s) d’ordre ‘s’écouter et se faire confiance’. Merci d’avoir partagé ton expérience.
Auteur/autrice
Merci a toi pour ce commentaire plein de bienveillance !